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Des souris et un homme

Je glisse à droite. Clic. Encore un peu. Clic. Clic. Je reviens sur la gauche. Clic. Je marque une pause : ça lit… Et puis en haut. Molette. Et puis en bas. Clic à nouveau. Molette. Clic. Gauche. Clic. Gauche, gauche, droite, clic.

Ca fait 50 ans que ça dure : la cage virtuelle du rectangle de feutre, la petite flèche qui me suit comme mon ombre sur l’écran. Et clic. Et clic encore. Clic toujours. Sous une main moite ou sèche, fébrile ou avachie, qui me secoue lorsque ça ne s’affiche pas assez vite, qui me frappe contre le bureau lorsque les nouvelles sont agaçantes, qui me retourne pour voir ce qu’il se passe quand la petite flèche ne semble plus répondre… et qui me jettera aux ordures si jamais c’est ma faute.

50 ans de cette vie de chien qui n’en est pas une, vu que c’est une vie de souris, de mulot comme aurait dit l’autre…

Passée de la boule au laser, avec ou sans fil, j’en ai cliqué des choses : des mots qu’on insère, coupe, colle ou qu’on efface, la mauvaise peau des vieilles vedettes qu’on photoshope pour faire plaisir à leurs agents, des hordes d’aliens dans les couloirs sombres des jeux vidéo, ou les notes qu’un musicien égrène dans le piano roll de son séquenceur… Tout ça, ce sont des millions de kilomètres de vie balisée par des clics gauches ou droits, dans une telle symbiose avec mon utilisateur qu’il en oublie jusqu’à mon existence, alors qu’il passe souvent plus de temps avec moi qu’avec les êtres qui sont les plus chers à son cœur…

Notez que si je vous parle de ça, ce n’est pas tant par état d’âme ou amertume, vu qu’avec l’arrivée du tactile et la popularisation des raccourcis-claviers, mes journées sont tout de même plus tranquilles qu’autrefois. Non, si je vous parle de ça, c’est parce que Douglas Engelbart, mon père, est mort mardi dernier et qu’il mérite sacrément qu’on retienne son nom pour toutes les choses brillantes qu’on lui doit. Sans parler de ma petite personne, c’est notamment lui qui a réalisé l’un des premiers systèmes fonctionnels de vidéoconférence et qui a développé le système d’hypertexte tel qu’on le connait aujourd’hui, mais aussi la plupart des éléments des interfaces graphiques actuelles : le concept de bureau virtuel et les fenêtres, soit les fondements de ce que seront MacOS, Windows, ou Linux, plus de 25 ans après qu’il ait développé tout cela avec l’oN-Line System…

Bref, mon Douglas est parti payer une bière à Paul Otlet et je pense qu’à la manière des militaires américains tirant des salves pour enterrer l’un des leurs, il serait de bon ton pour toutes les souris de cliquer solennellement sur trois liens pour saluer son départ. Et quitte à le faire, autant le faire en musique : je vous propose ainsi d’aller voir ce test de DI premium, cet autre de l’éditeur audio Wavelab 8 de Steinberg, et enfin ce dernier, un comparatif des principaux clavinets virtuels présents sur le marché.

Sur ce, bons clics et à la semaine prochaine.

Los Teignos
From Ze AudioTeam

Publié dansEditos

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